Le droit des successions est en constante évolution, notamment en raison de l’impact de la jurisprudence récente qui vient modifier les règles applicables. Cet article a pour objectif d’analyser les principales décisions judiciaires ayant marqué ce domaine et d’envisager leurs conséquences sur la pratique successorale.
Les évolutions récentes en matière de réserve héréditaire
La réserve héréditaire est une part minimale du patrimoine du défunt que la loi protège au profit de certains héritiers dits « réservataires ». La Cour de cassation a récemment précisé les contours de cette notion, notamment en ce qui concerne le calcul des parts réservataires et la détermination des biens à inclure dans la succession.
En effet, dans un arrêt rendu le 27 septembre 2017, la Cour de cassation a affirmé que les biens donnés en avancement d’hoirie doivent être rapportés à la succession pour leur valeur au jour du partage, et non à celui du décès. Cette décision a pour conséquence d’accroître l’importance accordée aux donations réalisées par le défunt avant son décès, notamment lorsqu’il s’agit de biens immobiliers dont la valeur peut avoir fortement augmenté entre le moment de la donation et celui du décès.
La question des legs particuliers et universels
Dans un arrêt du 14 mars 2018, la Cour de cassation a apporté des précisions quant à la distinction entre le legs universel et le legs particulier. Cette distinction est importante car elle détermine les droits et obligations des héritiers et légataires. En l’espèce, la Haute Juridiction a considéré qu’un legs portant sur « tous les biens meubles et immeubles » du défunt devait être qualifié de legs universel. Cela signifie que le légataire universel doit accepter ou refuser la succession dans son ensemble, sans pouvoir renoncer à certains biens ou dettes spécifiques.
L’impact de la jurisprudence sur les successions internationales
La mondialisation et les migrations ont entraîné une augmentation des successions comportant un élément d’extranéité. Dans ce contexte, la jurisprudence joue un rôle fondamental pour déterminer les règles applicables en matière de droit des successions.
Ainsi, dans un arrêt du 27 septembre 2017, la Cour de cassation a précisé que le certificat successoral européen, institué par le règlement européen n°650/2012 du 4 juillet 2012, ne constitue pas une décision juridictionnelle pouvant faire l’objet d’une exequatur. Il s’agit d’un simple document destiné à faciliter l’exercice des droits des héritiers et légataires dans un autre État membre.
Les conséquences pratiques pour les professionnels du droit
Ces évolutions jurisprudentielles ont plusieurs implications pour les avocats et les notaires intervenant en matière de droit des successions. Ils doivent notamment :
- Adapter leurs conseils aux clients en tenant compte des récentes décisions judiciaires, tant pour la rédaction des testaments que pour le règlement des successions;
- Informer les héritiers et légataires des conséquences de ces évolutions sur leurs droits et obligations, notamment en ce qui concerne le calcul des parts réservataires et la distinction entre legs particuliers et universels;
- Veiller à l’actualisation de leurs connaissances en matière de droit international privé des successions, afin d’assurer une prise en charge adaptée aux situations présentant un élément d’extranéité.
Au regard de ces éléments, il apparaît que la jurisprudence récente a un impact significatif sur le droit des successions. Les professionnels du droit doivent donc rester attentifs aux évolutions jurisprudentielles pour garantir une prise en charge optimale des dossiers successoraux.
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